Ce fut à Cahors… éloge du “parler” Oc


“la langue Occitane et l’Histoire”

Le programme annuel proposé par les Amis de la Bibliothèque du Grand Cahors est toujours exemplaire : conférences au fil des mois, rencontres autour du livre le jeudi (“café lecture”, “coups de cœur”), invitations aux expositions et concerts… Tout est prétexte à partager le bonheur de lire ou de savourer des moments de culture.

Ce jeudi 16 novembre 2017, le thème de la langue d’Oc méritait d’être ouvert aux regards très différents que peut susciter ce pan de notre Culture non seulement enraciné mais encore puissamment fécond. L’actualité débordante des mutations que rencontrent aujourd’hui nos langages usuels soumis aux usages des sms, argots renouvelés, anglicismes, donne un jour nouveau à ces réflexions.

À l’invitation de Mme Besse, présidente, et de Mme Le Houx, secrétaire, nous nous sommes engagés sur ces rappels fondamentaux qui font de notre “lenga mairala” une expression singulière dans le concert des idiomes du Vieux Continent et du creuset qu’est la Grande Bleue.

Pour remercier nos hôtes de nous avoir réservé cette soirée, nous rapportons volontiers ces vers du meilleur des guides en pays cadurcien, errant qu’il fut — comme nous ne manquons pas de le devenir — et défenseur de la liberté qui subsiste de vivre en poésie…

O.C.

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… extrait de son “Enfer” (1525), “composé en la prison de L’Aigle de Chartres 
et par luy envoyé à ses Amys” :

au prime abord, qu’on ne s’y méprenne…
“Maro s’appelle, et Marot je me nomme,

Marot je suis, et Maro ne suis pas,

…prisonnier en pays rude et rustre…
“Le beau verger des lettres plantureux

Nous reproduict ses fleurs, et grands jonchées

Par cy devant flaistries, et seichées

Par le froid vent d’ignorance, et sa tourbe,

Qui hault sçavoir persecute, et destourbe :

Et qui de cueur est si dure, ou si tendre,

Que verité ne veult, ou peult entendre.

…loin du paradis perdu…
“Que vers Midy les haults Dieux m’ont faict naistre:

Où le Soleil non trop excessif est:

Parquoy la terre avec honneur s’y vest

De mille fruicts, de mainte fleur, et plante:

Bacchus aussi sa bonne vigne y plante

Par art subtil sur montaignes pierreuses

Rendants liqueurs fortes, et savoureuses.

Mainte fontaine y murmure, et undoye,

…où fleurit l’inspiration du poète…
Et en touts temps le Laurier y verdoye

Pres de la vigne: ainsi comme dessus

Le double mont des Muses Parnassus:

Dont s’esbahyst la mienne fantasie,

Que plus d’Espritz de noble Poësie

N’en sont yssuz.

…au fil du cours de l’eau vers le fleuve…
“Au lieu, que je declaire,

Le fleuve Lot coule son eaue peu claire,

Qui maints rochiers traverse, et environne,

Pour s’aller joindre au droict fil de Garonne.

… hommage de chaque homme à sa ville natale…
“A brief parler, c’est Cahors en Quercy,

Que je laissay pour venir querre icy

Mille malheurs: ausquelz ma destinée

M’avoit soubmis.

…éloge de sa langue « mairala »…
“Car une matinée

N’ayant dix ans en France fuz mené:

Là, où depuis me-suis tant pourmené,

Que j’oubliay ma langue maternelle,

…au refuge d’une langue encore ébouriffée…
“Et grossement apprins la paternelle

Langue Françoyse es grands Courts estimée:

Laquelle en fin quelcque peu s’est limée,

Suyvant le Roy Françoys premier du nom,

Dont le sçavoir excede le renom.”

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