“Elle court comme un ruisseau…”


à Murat, l’eau vive se reprend à chanter dans deux anciens lavoirs

Qui regarde une carte du département du Tarn est surpris par le dessin qu’en constitue ses limites administratives. Les caricaturistes ne se sont pas privés d’en traduire l’originalité en y suggérant le profil de ceux qui en briguaient la présidence. Un contour régulier pour les confins suivant au sud la crête de la Montagne Noire, à l’ouest la vallée du Girou puis les limites du Quercy, au nord les cours de l’Aveyron et du Viaur. Mais bien plus perturbé à l’est en formant ce que les dessinateurs ont souligné par un appendice nasal prononcé.

Les Monts de Lacaune y poussent effectivement un promontoire entre le massif du Caroux et le “Rougié”. C’est là que culmine à près de 900 mètres d’altitude le village de Murat, terminus d’un petit train venu de Castres que Jean Nohain rendit célèbre dans un documentaire de 1941.

Sur ce haut plateau, les paysages semblent ignorer les bouleversements de nos sociétés si ce ne sont les lignes électriques qui les sillonnent mais comme survolant l’activité de ce monde rural serein… Le sourire de ses habitants lorsqu’on les croise cache bien en effet les difficultés du quotidien que nous assumons tous. Il en reste une impression de permanence.

En témoigne particulièrement le petit patrimoine qui ponctue les carrefours, la placette du hameau ou le passage du col ou du ruisseau. À qui s’y intéresse, la surprise est constante de trouver se côtoyant en bons termes des croix de chemin, une statue-menhir ou un bouquet de fleurs sur un banc de pierre.

Le charme de ce Haut-Languedoc en décida une (relative) protection —plutôt la proposition d’une “maintenance”—avec l’instauration d’un parc régional de la première génération, voici cinquante ans. En conséquence, le chant des rivières et des sources y devraient encore longtemps faciliter l’échange du voyageur avec la nature qui l’y reçoit… Du moins si la priorité affichée en est toujours cultivée.

La Municipalité de Murat s’inscrit dans cette optique : la Commune poursuit un programme de mise en valeur du petit patrimoine en privilégiant les éléments dont la dimension symbolique suscite l’adhésion de la population à un effort collectif.

Un motif qui justifie le choix récent de deux monuments destinés à être restaurés : les lavoirs du Causse et des Plos. Leur fonction passée, leur implantation au cœur des habitations les désigne comme espaces de convivialité. Ce qui explique leur maintien malgré de profonds changements de leur environnement immédiats.

Le parti retenu sur ces deux projets consiste à rétablir un lien social entre ce patrimoine et les habitants. Par chance, ici, il s’agit en outre de lieux vivants puisque animés au rythme de l’eau de source, élément fédérateur, fragile, rare, qui appelle la mobilisation de tous les acteurs.

Le lavoir du Causse

Une ou plusieurs sources captées sur les hauts de ce hameau isolé ont probablement décidé du tracé de la rue qui dévale la pente. À mi-chemin de la prairie dans laquelle court le ruisseau principal, ces écoulements alimentent deux bassins successifs destinés l’un à laver le linge, l’autre à abreuver le bétail.

Cependant, la réfection et le goudronnage des chaussées a eu pour conséquence de réduire le débit d’arrivée d’eau et d’effacer la calade d’origine qui tapissait le sol en pente.

Pourtant le soin toujours apporté au fleurissement des petits bacs disposés sur les murets de pierre qui entourent le point d’eau manifestent l’attachement inébranlable des habitants.

Lavoir des Plos

En amont du chef-lieu de la Commune, le petit édifice a conservé sa toiture d’ardoise grâce au remplacement maladroit mais efficace de la panne sablière par des poutres métalliques. Le lavoir d’origine fut remplacé au milieu du dernier siècle par un bassin en béton que précède un abreuvoir de petite taille en pierre.

Ce dernier sert de réceptacle au débouché du trop-plein d’un grand et remarquable réservoir de retenue de la source d’alimentation, construit, plafonné par des dalles de pierre, le tout protégé par la même toiture que le lavoir qui lui est adossé. Une petite porte fermée par une grille permet d’y accéder.

Pour en savoir plus : voir l’article de la Fondation du Patrimoine.

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