Eunate-Olcoz : les clés du chemin de Compostelle


Obanos : Une porte ouverte sur le ciel…

Église de Santa Maria de Eunate.NavarreObanos : un village accroché au piémont du massif du “Perdon”, au sud de Pamplona en Navarre.

Un village discret et heureusement protégé par l’oubli (pardon à mes amis d’Obanos) puisque la “reconquista” moderne lui préfère son voisin Puente la Reina au patrimoine tellement plus prestigieux !

C’est en effet dans cette petite ville que les pèlerins doivent à Isabelle la Catholique de traverser le “rio” sur un pont solide (aujourd’hui encore, bien sûr), à la même époque gothique qu’églises et monastères leur ménagent le plaisir de clichés conventionnels, à l’asservissement d’un pèlerinage organisé sinon imposé que le bourg présente les caractéristiques d’un urbanisme commandé par la route qui en fait l’un des plus célèbres de l’Espagne du Nord.

Il en est résulté que la rencontre des grandes voies jacquaires issues de l’Europe entière est aujourd’hui identifiée à Puente la Reina pour des raisons de facilité d’images…

… alors que Obanos en est la réalité.

C’est pourquoi l’Académie Saint-Jacques salue comme une chance extraordinaire d’être jumelée avec la Fondation “Misterio de Obanos”.

De là les liens amicaux et au-delà d’une recherche commune sur les orientations des sanctuaires aux mouvements des astres, sur les motifs des anciens pour harmoniser leurs aspirations avec l’univers tangible, sur leur détermination à élire des lieux et des moments où peut se manifester l’exsitence d’une “Porte des étoiles”…

Ici : l’un des propos les plus adéquats pour avancer et que nous osons faire nôtre !

Merci à l’ami Jesus Zulet de nous l’offrir en partage, merci à l’ami Joaquin Corcuera de nous avoir guidé vers sa clairière.

O.C.


La Tour d’Olcoz

Olcoz, un petit village de la zone centrale de la Navarre, acheta la Tour-Palais en 2007. Le conseil municipal d’Olcoz rénova le bâtiment entre les années 2010 et 2011 grâce aux subventions du Ministère de Culture et du Gouvernement de la Navarre. En 2012 avec l’aide du Consorcio de Desarrollo de la Zona Media, les installations ont été aménagées et ouvertes au public. C’est le siège du Conseil Municipal et un Centre d’Expositions avec possibilité d’organiser des événements. Dans son enceinte on trouve l’histoire de la Tour et des ouvrages romans de notre entourage. Olcoz fait partie du Chemin de Compostelle et son église paroissiale possède une porte symétrique à celle d’Eunate, l’une des constructions les plus admirées du chemin. Le jeu de miroirs entre les deux portes a été considéré en termes d’œuvre originale et de copie sans le moindre intérêt pour les relations qu’il y a entre elles. Eunate et Olcoz ne peuvent pas être compris l’un sans l’autre et forment un projet d’ensemble. Dans la Tour d’Olcoz on trouve l’analyse de ses profondes significations.

Tour de guet, tour-palais, tour-donjon, tour de justice

Quatre visions définissent notre tour, située au milieu de la Navarre, sur le croisement des principaux axes : Nord-Sud et Est-Ouest. Dû à sa position stratégique, elle fut utilisée comme tour de guet en connexion avec les châteaux les plus proches et fît partie des systèmes de défense du Vieux Royaume.

La vie dans la tour : le Balcon de Valdizarbe, organisation, carrefour

Olcoz surplombe toute la vallée depuis le plateau connu comme le “Balcon de Valdizarbe”. La Tour s’organise en quatre étages et une terrasse de laquelle on pouvait surveiller l’accès par le sud de Pampelune, capitale de la Navarre.

Avant et après

Le processus de rénovation de la Tour vu à ses différentes étapes.

Une longue histoire : arbre généalogique des propriétaires de la tour d’Olcoz

La trajectoire historique commence avec la lignée d’Olcoz du XIVème siècle, elle passe aux Ozta et après aux Baquedano qui acquièrent le titre de Marquis de Fortegollano. Au XXème siècle ils vendent leur patrimoine et la tour est finalement achetée par le conseil municipal d’Olcoz. La tour d’Olcoz n’est pas qu’un modèle caractéristique des tours-palais en tant que vestige de l’héritage de la noblesse. Elle n’est pas non plus qu’un simple appendice des châteaux principaux, forteresses défensives du royaume de Navarre, un royaume de carrefours. La Tour a été mêlée à des importants événements historiques déterminants pour la vie des Royaumes et des États desquels elle faisait partie. L’indépendance du Royaume de Navarre forgea sa naissance. La défense de la Souveraineté Nationale face à l’invasion napoléonienne causa sa ruine. Elle est le témoignage vivant d’une riche histoire qui recueille aussi la trace des créateurs d’un héritage artistique exceptionnel.

Les grands protagonistes

SANCHO VI, le roi Sage ou roi courageux, roi de Navarre. Il parvint à maintenir l’indépendance du royaume de Navarre face aux tentatives d’annexion de Castille et Aragon. Entre 1153 et 1158 fut créé le “royaume d’Artajona” dépendant de Castille en tant qu’enclave dans le cœur de la Navarre. Il comprenait les villages et les terres d’Artajona, Larraga, Miranda de Arga et Olite. À cause de la proximité d’Olcoz il dut influencer sur le concept stratégique de sa tour en intensifiant les préparatifs militaires. Sancho VI promut le repeuplement de la zone centrale de Navarre sur le parcours du chemin de Compostelle en cédant des fors aux nouveaux émigrants venant du sud de la France. C’est pendant son règne que sont construits les ouvrages que l’on présente ici.

ARNAUT DE OZTA, le seigneur d’Olcoz. La lignée d’Olcoz avait érigé la primitive tour de guet vers le XIIème siècle. Les Ozta, soit par concession royale soit par voie matrimoniale, arrivèrent à Olcoz et entre le XIVème et XVème siècle et rénovèrent la Tour avec la structure que l’on connait aujourd’hui. Arnaud d’Ozta mit son blason sur la porte principale. Il eut une participation active dans la guerre civile de Navarre dans les années 1451-1464 en étant membre du parti “Beaumontés”. Il fut adoubé chevalier le 9 décembre 1482 après le couronnement de Francisco Febo. Il fut envoyé en 1491 devant le roi par les Cortes de Navarra dans le but de demander sa présence à Pampelune. Il fut gouverneur du château de Güerga (Unzué) en 1465 et plus tard des châteaux de Tiebas et Monreal.

CAPITÁN JUANICOTE. Juan de Arberoa est un soldat professionnel marié à Marie de Ozta, petite-fille d’Arnaut. Il accompagne le cardinal Cisneros lors de la capture de Pampelune par les troupes de Castille en 1512. Il se rallie au camp de Navarre d’Henri II d’Albret et il est nommé gouverneur du château de Donibane Garaze, Saint-Jean-Pied-de-Port. Après un siège féroce il est emprisonné et accusé de trahison devant l’empereur Charles Quint. Il fut démembré et exposé à Pampelune à titre d’exemple.

ARNAUT DE OZTA, petit-fils, le “traitre”. Mort en 1561 dans le château de Tiebas après avoir été emprisonné et soumis à des tortures. Il fut accusé, de même que son beau-frère le capitaine Juanicote, de participer et promouvoir un soulèvement contre le roi Philippe II, en faveur d’Antoine de Bourbon et de Jeanne III d’Albret, roi et reine de Navarre. Le Vatican négociait la reconnaissance de la légitimité des Bourbon et du royaume indépendant de Navarre mais ces événements paralysèrent les gestions diplomatiques.

JOSE ANTONIO DE BAQUEDANO (Estella 1685-Pampelune 1761). Il hérita des palais de Gollano et d’Olcoz après divers mariages entre plusieurs membres des familles Ozta et Baquedano. En 1741 il fut nommé Marquis de Fortegollano par Philippe V et convoqué à “las Cortes”.

ESPOZ Y MINA au commandement des guérilleros de Navarre, mit le feu au bâtiment en 1812. La tour était occupée par un détachement de soldats polonais sous les ordres de Napoléon. L’incendie provoqua l’effondrement de tout l’intérieur et elle est restée ainsi jusqu’à l’actuelle reconstruction.

Premier étage de la Tour :
Olcoz, un village de légende

L’héritage des Croisés, Templiers et Hospitaliers

L’esprit médiéval des croisades a laissé une marque profonde dans notre culture. La Navarre est impliquée d’une manière spéciale. Le testament d’Alphonse Ier d’Aragon de 1134 accorda aux croisés tout le royaume d’Aragon et Pampelune, alors unifiés, dans un cas unique dans l’histoire. La noblesse navarraise considéra cette décision comme illégitime et, contre l’Église de Rome, établit son propre roi et se sépara d’Aragon. En contrepartie, le nouveau royaume du faire nombreuses concessions aux croisés.

La fin de l’Ordre Templier est marquée par le procès mené par le roi de France, Philippe le Bel, qui avec son fils Louis X, dit le Hutin, sont en même temps rois de Navarre.

Dans le Cartulaire du Temple de l’Archive Historique Nationale apparait une donation datant du XIIème siècle de Petrus Garcez au “domum Templi” avec Garcia de Olcoz en tant que témoin. C’est une donnée indicative de la portée de l’influence templière.

Dans ce centre d’interprétation nous présentons les relations d’une série de constructions romanes. Si on considère la conception commune de cet ensemble d’ouvrages, on ne peut qu’accepter également l’implication significative de l’Orde du Temple. Parmi ces constructions se trouve la Virgen de los Huertos de Puente la Reina qui fut une commande templière.

Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent des terres à Olcoz à partir du XIIIème siècle et reçurent les biens templiers après leur dissolution en 1312. L’église d’Olcoz dépendait du centre de commandement de Leache.

La représentation iconographique, qui peut être admirée dans nos œuvres, nous rapproche des différentes significations du “secret templier” : le baphomet, la tête qu’ils vénéraient supposément et le Graal, comme le Verre de Dionysos, dieu du vin et de l’extase mystique. Cette fameuse et sujette à polémique idéologie des templiers répondrait à un concept mytho-poétique et astronomique inspiré de la tradition orphique et du profond syncrétisme qui nourrit cette philosophie. Dans ces œuvres nous voyons un échantillon très précis de cette pensée considérée hérétique selon le procès auquel les templiers furent soumis.

En résumé, cela confirmerait les données apportées par la vaste tradition de mythes et légendes qui entourent tout cet ensemble d’ouvrages médiévaux.

La légende des deux “portes-miroir”

Une légende populaire explique la construction des deux portes symétriques d’Eunate et d’Olcoz et nous dévoile les clés d’une vaste relation avec leur entourage. Ici on trouve les fondations de la pensée qui alimenta les racines les plus profondes de notre culture occidentale.

1178, d’après la légende, serait l’année de la construction des deux portes. Un même groupe d’étoiles apparait dans tous ces évènements racontés, la légende, l’éclipse… la protagoniste principale est la constellation appelée VIERGE.

Plus qu’un conte, contextes significatifs

La légende présente une série de traits très précis au-delà de sa beauté formelle :

  • La dualité de deux créateurs avec l’existence d’un Dieu transcendant et d’un Demiurge artisan est l’exemple le plus clair de la dualité radicale de la philosophie platonicienne.
  • Le “savoir-faire” de l’œuvre transmis par une femme est associé à la Source de María Paula de Olcoz. C’est une faculté très caractéristique des figures féminines qui se relie à la culture classique.
  • L’allégorie du serpent et la perle a été très appréciée par les courants gnostique-manichéens.
  • L’importance de l’astronomie montre la religiosité céleste traditionnelle.
  • Un profond symbolisme embrasse le développement spirituel de l’être humain.
Éclipse de 1178, les pouvoirs de la lune

L’éclipse de 1178 est l’une des éclipses de plus grande intensité vécues dans cette zone géographique dans toute son histoire. Elle atteignit la magnitude de 0.968 à Olcoz. Les données techniques nous présentent un modèle symétrique à l’éclipse de L’Odyssée.

Toutes les éclipses provoquent un énorme impact parmi les gens. L’astrologie de l’époque place cet évènement dans la “maison IX”, la maison du “plaisir du soleil”, très enclin à la spiritualité et aux œuvres religieuses.

L’Odyssée, la rencontre de l’âme

L’Odyssée dit : “[…] le soleil a disparu des cieux, et les ténèbres de la mort vous enveloppent de toutes parts !” en forme de prélude au massacre des prétendants. Les études actuelles datent cette éclipse à l’an 1178 av. JC. Homère est connu comme “prophète de l’univers” et ses œuvres furent considérées comme la Bible des grecs. L’Odyssée fut comprise comme la découverte et la rencontre avec notre propre âme. Homère est le premier qui présenta le voyage de l’âme en relation avec les deux solstices et définit la porte des hommes et la porte des dieux.

Avec une simple coïncidence de dates on trouve les mêmes concepts fondamentaux qui définissent la relation entre Eunate et Olcoz.

La sagesse, Athéna et Méduse : les jeux de miroirs

Athéna est la déesse de la Sagesse. Elle maîtrise l’art de la guerre et les métiers à tisser, tissant les fils du destin. Son symbole c’est la chouette car elle voit dans l’obscurité. Initialement, la déesse était représentée avec une tête de chouette et c’est ainsi que l’on la voit à Puente la Reina, un exemple exceptionnel de l’iconographie européenne. Notre Athéna a trois éléments distinctifs : la tête de la chouette, le métier à tisser et le bouclier. Platon se sert de l’art de tisser pour expliquer sa théorie de la connaissance. La déesse aux yeux clairs, yeux de l’intelligence de la vie, est la grande protectrice des héros : entre autres Ulysse et Persée, présents à Eunate et Olcoz. Elle est très aimée de tous les soldats et aussi des Templiers. La tête de la Méduse représente une autre facette de cette même déesse. Méduse avec les yeux de la mort deviendra une partie du bouclier d’Athéna. C’est le symbolisme du profond jeu de miroirs qui recouvre toutes nos constructions.

Olcoz présente trois œuvres caractéristiques
  • L’église romane du XIIème siècle
  • La Source de María Paula du XIIIème siècle
  • Et la Tour-Palais des XIVème et XVème siècles.

Des panneaux-descriptifs existent à ces endroits.

Sur la porte de l’église San Miguel d’Olcoz
Eunate et Olcoz : face à face

Les figures symétriques des deux portes ont un placement très soigné. Par exemple, la main qui tient la cape dans les deux figures correspondantes est la main droite bien qu’elles soient placées de part et d’autre. Il y a une structure très précise de la composition. Les constellations les plus caractéristiques du Chemin des Étoiles, défini par la Voie Lactée, composent les portes miroirs d’Eunate et d’Olcoz, c’est une carte stellaire. Le chemin de Compostelle est défini par la voie lactée en tant que chemin vers l’au-delà.

Orion, Vierge et Persée sont les figures principales. Orion, flanqué par ses chiens, est le pivot en tant que Logos-Verbe et fait allusion à l’idée de résurrection. Persée est le porteur de l’étoile connue comme Algol. Vierge et Persée sont en relation avec les patrons des deux temples : La Vierge et San Miguel. Une complexe mythologie s’associe à ces figures.

Les éléments exclusifs de chacune des portes représentent les constellations centrales de la Voie Lactée à l’aube de chacun des équinoxes. Le Cygne et l’Aigle représentant le printemps sont à Eunate et les Gémeaux représentant l’automne apparaissent sur la porte d’Olcoz. Eunate et Olcoz présentent la symétrie parfaite des équinoxes, les dates où les jours durent autant que les nuits.

Dans les accès de la Tour 
Un cycle qui cadre

Dans les fenêtres de la Tour, une décoration exceptionnelle et inhabituelle dans les constructions à caractère militaire attire notre attention. Il y a deux niveaux de lecture, sur le niveau supérieur les fenêtres occupent une position fixe, tandis qu’elles varient dans le niveau inférieur. Le monde spirituel est éternel et le bas monde de la matière est caduc et changeable. Les fenêtres du premier étage sont en accord avec les positions journalières du soleil. La décoration du deuxième étage suit la série des quatre premiers chiffres. La philosophie Pythagoricienne explique, avec cette géométrie particulière, le voyage de l’âme en relation avec le cycle solaire tel que l’on le voit sur les quatre portes. L’idée de perfection, le Teraktys, est représentée comme une somme : 1+2+3+4=10. Dans notre Tour ces valeurs de Justice, l’harmonie la plus parfaite, se reflètent sur ses murs taillés.

À la source de la rivière Robo 
La source, Maria Paula et San Babil

De la source María Paula jaillit “l’eau vive” qui arrose Eunate et la Virgen de los Huertos à Puente la Reina. Elle articule un double jeu avec les bienfaits de l’eau, source de vie d’un côté, et les préjudices dérivés des excès d’humidité de l’autre. San Babil a un ermitage proche de la source, et est le deuxième patron d’Olcoz et protecteur des maladies rhumatismales. La source de María Paula et les ermitages de San Babil et Eunate sont alignés.

Deuxième étage de la Tour

Les quatre portes

L’être humain est un être symbolique capable de chercher un sens à son existence. Nombreuses sont les cultures où ce sens transcendant s’est développé en étant intimement lié aux cycles de la nature déterminés par les mouvements du soleil.

Les quatre positions importantes du cycle de la vie sont reproduites sur les quatre portes romanes : Saint Pierre d’Echano, Saint Michel d’Olcoz, Sainte Marie d’Eunate et le Christ du Crucifix de Puente la Reina. Elles représentent une vision chrétienne hétérodoxe qui s’appuie sur le savoir traditionnel et atteignent le sommet de la connaissance de l’époque. Tous ces ouvrages constituent un précieux antécédent de ce que l’on connait en Europe comme la Renaissance.

Premiers indices, correspondances entre le haut et le bas

On remarque d’un simple coup d’œil un jeu multiple de relations entre les deux œuvres d’Eunate et Olcoz reproduisant les valeurs qui définissent la mentalité médiévale. Eunate se situe au centre de la vallée et Olcoz sur le plateau oriental. “Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas” est une maxime très populaire de la Table d’émeraude.

Eunate : une conception duale

La dualité est la constante de la conception de l’ermitage. Il présente une double enceinte extérieure aux deux côtés de l’arcature. Le double espace intérieur se compose d’un octogone irrégulier et d’une abside circulaire parfaite. L’abside en tant que noyau spirituel présente un alignement très important avec l’église de San Miguel d’Olcoz. Le tellurique et le cosmique se concrétisent aussi dans sa conception. Le point de l’intérieur du temple qui unit l’octogone et le cercle est aligné avec la source d’Olcoz et en même temps avec l’endroit où l’Épi, l’étoile principale de Vierge, nait à l’horizon. Le tracé d’Eunate présente la fausse apparence d’une irrégularité improvisée qui cache, en fait, une conception très soignée.

Relations géo-graphiques :
  • Alignements de l’environnement 
  • Centre et couronne
  • Nazareth y Jérusalem

On remarque une série des liens intéressants sur la carte. Dans la relation d’Eunate et Olcoz on aperçoit trois lignes : Eunate-Tour-Peña del Abrigo ; Eunate- Église de San Miguel-Peña de Unzué et Eunate-Ermitage de San Babil-Source.

En prenant en compte l’angle d’inclinaison de la terre, 23.5°, on découvre un schéma qui associe quatre portes d’églises romanes. Les quatre saisons de l’année et leurs solstices et équinoxes définissent cette structure. Les sources et rivières qui sillonnent ce tableau versent aussi les valeurs de la culture classique de l’oubli et de la mémoire.

Les sommets du plan de l’ermitage d’Eunate se lient à un ensemble de petits ermitages qui entourent la vallée. Cette conception d’Eunate évoque l’image de la Mère créatrice de vie en apparaissant comme le centre depuis lequel le cercle démarre. La composition des ermitages prend la forme de la constellation de Couronne boréale en y ajoutant le sens de Mère Céleste.

La Jérusalem médiévale devient ainsi le référent de la christianité de par ses deux aspects, terrestre et céleste. Le double chemin qui lie Eunate à la Tour d’Olcoz se prolonge jusqu’à Nazareth et Jérusalem avec une précision stupéfiante. Les traits furent tracés grâce à la navigation astronomique. Ce qui les guide ce sont les étoiles de la ceinture d’Orion redonnant un sens transcendant à l’idée de la naissance et de la mort représentées constamment dans nos ouvrages. Ce type de fabrication prend souvent des formes octogonales.

Les quatre portes du ciel

Les portes des équinoxes et les portes des solstices représentent l’accès des hommes et des dieux à l’au-delà. La tradition grecque d’Homère et la tradition juive de Jacob dans la Genèse font allusion à cette cosmovision.

San Pedro de Echano en tant que “Porte des hommes” reproduit la vision céleste que les âmes emmènent comme un vague souvenir en descendant à la vie terrestre. Saint Pierre (San Pedro) est l’homme sur lequel le Christ érige son église et aussi le gardien des portes du ciel. La “musique des sphères” égaye la contemplation de la Gloire de Dieu. Cette porte placée côté nord est entièrement illuminée autour du solstice d’été.

Les deux portes équinoxiales d’Eunate et Olcoz indiquent les points intermédiaires du cycle du soleil et ont comme saints protecteurs les deux grands intermédiaires du christianisme : La Vierge Marie et Saint Michel. Le symbole de la Justice en occident est représenté par la balance aux pieds de la constellation de la Vierge et par l’épée de Saint Michel.

L’église templière de Puente la Reina est protégée par deux saints patrons : Virgen de los Huertos et Cristo del Crucifijo. Elle représente l’intervention divine en faveur de notre salut d’après l’idéologie chrétienne. 33 figures marquent l’espoir de résurrection des âmes immortelles. La conception de l’architecture en harmonie avec ce concept de “Porte des Dieux” trouve l’illumination de sa porte principale au solstice d’hiver.

Les voyages de l’âme

La vérité de notre vie, d’après nos classiques, est la connaissance de l’âme. La double nature matérielle et spirituelle de notre âme se reflète de manière magistrale sur les deux portes du solstice.

À Echano les âmes défectueuses et boiteuses, sur le point de tomber, sont sur le niveau inférieur et les âmes qui complètent leur être avec “leur autre moitié” se placent sur le niveau le plus haut, proches de Dieu.

Ce double cycle est aussi reproduit sur la Virgen de los Huertos à Puente la Reina. D’une part nous devons développer la partie spirituelle dionysiaque à partir de la connaissance qui nous permet de distinguer le Bien du Mal ; d’autre part nous devons purger l’héritage corrompu des Titans qui dévorèrent le petit Dionysos. Avec l’aide de la Sagesse-Athéna et les enseignements de l’Arbre de la Vie nous nous libérerons des attaches matérielles. Un beau traité qui montre une trace de cette importante quête templière.

La science des étoiles

Les hommes ont essayé de comprendre les rouages de l’univers pour organiser leurs vies. La précision exprimée par les constructeurs de tout cet ensemble d’œuvres est la démonstration du niveau de leurs connaissances. Ils possédaient une grande maîtrise de l’astronomie, ils étaient connaisseurs de l’énorme importance des équinoxes et étaient des experts en navigation astronomique. Les deux portes d’Eunate et d’Olcoz nous introduisent dans le débat sur la structure du système solaire, l’un de plus importants de l’histoire universelle. Ces portes mettent remarquablement en valeur les éléments distinctifs des deux équinoxes et soulignent aussi les décalages de symétrie et les variations de durée des saisons, incompatibles avec le vieux système géocentrique et géostatique. Nous nous trouvons dans l’antichambre immédiate des thèses de Copernic qui placera le soleil au centre du système solaire.

Astrolabe : l’ordinateur portable du Moyen Âge

L’astrolabe, le “chercheur d’étoiles”, est un outil qui permet des multiples opérations d’ordonnancement spatial. Il reproduit la sphère céleste depuis un endroit donné. Les arabes favorisèrent son développement et en Europe son usage devint indispensable jusqu’au XIXème siècle. C’est grâce à la maîtrise de l’astrolabe que les tracés que nous présentons ici ont pu être faits.

Le savoir classique, le berceau de la Grèce, un Christianisme hétérodoxe

Ces modestes édifices, définis en tant qu’art roman rural, réunissent les contenus les plus profonds de la philosophie et de la mythologie grecque. Ils présentent les idées clés d’Homère, Pythagore, Orphée et Platon. Sur les quatre portes on trouve l’une des meilleures représentations de la triple âme de Platon.

Ce christianisme hétérodoxe aux racines platoniciennes et au caractère dualiste marqué, est intimement lié aux courants gnostiques et manichéens. Au moyen âge cette croyance eut une grande notoriété et ses fidèles étaient connus sous le nom de cathares ou albigeois. Ces derniers entrèrent en Navarre par le Chemin de Compostelle et eurent des relations particulièrement proches avec les Templiers. L’Église lança la dernière croisade contre l’hérésie des cathares.

L’allégorie reproduite par notre légende du serpent gardien de la pierre précieuse est le récit le plus apprécié des manichéens et fut répandu grâce à l’Hymne de la Perle. Ce beau poème vante la valeur de l’âme enfermée dans la matière et apparut retranscrite dans l’Évangile gnostique de Thomas découverte près de Nag Hammadi en 1945 en Égypte.

Cet ensemble d’œuvres, exemples exceptionnels d’un savoir raffiné et minoritaire, revêt encore plus importantes après avoir surmonté des siècles d’une féroce Inquisition.

Musée du regard

Voir implique remarquer. On voit avec nos propres yeux et avec ceux du complexe prisme culturel duquel nous faisons partie.

Terrasse de la Tour :
Chemin de Compostelle, Chemin des Étoiles

Depuis la terrasse fortifiée, on peut contempler le vaste paysage typique de la Mi- Navarre et localiser les villages et constructions que l’on a présentés dans le sillage d’un Chemin qui nous émeut encore aujourd’hui.

Liens

Découvrez le site de la Tour d’Olcoz : www.torredeolcoz.com
Suivez l’actualité des lieux sur la page Facebook de la Tour.

Jesus Zulet

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