Il y a cinquante ans, Marc Bœgner inaugurait le Musée de Ferrières


Article de Sylvie Lecoules paru dans le Tarn Libre (17 août 2018)

Festivités sur les coteaux du Haut Languedoc en ce vendredi 10 août 2018. Le musée de Ferrières dans le Tarn fête ses 50 ans !

Fondé en 1968 par un historien de l’art, Olivier Cébe, qui en fut le conservateur avisé durant 28 ans, ce musée d’abord implanté au château de Ferrières et intitulé Musée du Protestantisme en Haut-Languedoc, s’est patiemment construit au fil du temps. À travers son fonds constitué notamment de bibles, d’objets du culte, de gravures, de documents théologiques, il abrite une collection publique —alors la deuxième de province sur ce thème— parcourant cinq siècles d’histoire et de vie protestantes dans le Tarn et plus largement dans le Sud-Ouest. Il s’offre aujourd’hui comme le premier musée en France consacré au fait religieux et à la laïcité à partir de l’histoire du protestantisme français.

Le 24 août 1968, l’inauguration du musée du Protestantisme en Haut-Languedoc créa l’évènement par son très large retentissement.

Olivier Cébe s’en souvient et témoigne :

“À la forte portée symbolique de cette manifestation, vinrent s’ajouter des circonstances très particulières dont se saisirent dans leurs déclarations les personnalités éminentes qui la présidèrent.

Au premier rang, le Pasteur Marc Bœgner, de l’Académie Française, dont ce fut le dernier discours en public. Son autorité, son engagement pendant la Dernière Guerre, en faisaient une voix écoutée non seulement dans le milieu réformé mais aussi dans l’Eglise Catholique. À ce titre, il avait participé aux travaux du concile Vatican II.

À son invitation, l’Archevêque d’Albi —alors Mgr Dupuy— fut présent à ses côtés, confirmant le caractère œcuménique exceptionnel de cette commémoration de l’histoire religieuse commune aux deux communautés chrétiennes et ce —par un simple hasard de calendrier— au jour de la Saint-Barthélémy !

Mais ce fut surtout le message ainsi envoyé par les chrétiens en réaction à l’entrée des chars soviétiques à Prague cinq jours auparavant, évènement considérable qui avait soulevé un grand émoi en Europe occidentale.

Ainsi, ce Musée promis à rappeler le passé souvent douloureux des protestants du Haut-Languedoc fut-il marqué par le sceau de la réconciliation et de la paix.

Une exigence de dignité qui s’imposa dans ma recherche des témoignages authentiques, souvent les plus simples, recueillis dans la partie occidentale de l’Occitanie. Leur présentation se suffisait à elle-même ne serait-ce qu’au travers d’un seul objet, plus significatif souvent qu’un long discours.”

La Dépêche du Midi, vendredi 10 août 2018.

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