Laques et laquistes au château de Lavardens – Exposition


Le Japon à l’honneur au château de Lavardens

Du 10 mars 2018 au 27 septembre 2018 – Château de Lavardens

Le Centre d’Art de Lavardens propose cet été une grande exposition autour du thème de la laque. Cet Art très ancien venu d’Orient, fait de patience et de minutie se pratique aussi bien sur bois, verre que terre cuite.

Plus de 20 artistes parmi les plus reconnus en France présentent leurs créations : tableaux, panneaux, sculptures, bijoux, œuvres abstraites et figuratives.

Cette exposition bénéficie de la participation exceptionnelle de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art “Olivier de Serres” et de l’association “Laqueurs Associés pour le Création”.

Vernissage de l’exposition
De gauche à droite : M. Rizü Takahashi, céramiste ; M Yoschiaki Noguchi, artisan laquiste venu spécialement du Japon, et sa famille ; M. Claude Yoshizawa, directeur du Centre culturel franco-japonais de Toulouse ; M. Bernard Ksaz, Vice-Président du Conseil Départemental du Gers.

Pour en savoir plus :

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Allocution d’Olivier Cébe, Président du Centre d’Art

Un voyage vers les lueurs dorées du Soleil Levant… annonciateur d’une éclipse (discrète)

Etranger à la terre gasconne, mon approche de Lavardens en tant que voisin occitan est celle d’un enfant qui découvre un pays enchanteur. Certes, il en est d’autres dans nos pays du Sud, mais ici plus qu’ailleurs le rêve nous emporte avec la légèreté du poète ou de quelque conte fantastique dans les brumes du soir que préparent les chaleurs apaisées des journées d’été sur la campagne silencieuse.

Impossible d’y échapper quelle que soit la route empruntée pour y parvenir ! Soit depuis Roquelaure, pour découvrir l’étagement des toitures du village, de l’église et du château, architecture empirique surprenante du site. Soit en venant de Jegun par la côte que domine l’énorme édifice quelque peu condescendant mais soucieux de présenter sa face la plus avenante, presqu’élégante.

J’ai déjà eu l’occasion de me souvenir ici du charme irrésistible du “château ambulant” de Mayazaki, voguant sur la mer calme du Gers où il fait certainement bon vivre même si, parfois —comme en tout terroir de la France profonde—, la mer d’huile recouvre quelque sourde tempête.

Impossible de ne pas évoquer au pied de ses murailles l’impatience d’une surprise, d’une rencontre imprévisible ou bien le commencement d’une aventure.

De ce galion, la “dunette” nous héberge tandis que le “gaillard d’avant” semble fendre le village de Lavardens dont les toitures en enfilade s’effacent – comme l’onde en peine mer – pour lui céder le passage.

Car c’est bien vers l’Orient que se dirige le navire de Lavardens.

Il fut récupéré sur cales sèche par Hubert Mottes et sa famille alors que, abandonné en grande partie, certains pans de murs servaient encore de carrière de pierres. À l’époque des “chefs d’œuvre en péril”, ils étaient peu nombreux ceux qui se donnaient corps et âme pour réunir les parcelles éparses afin de reconstituer ces édifices prestigieux que maintenant tout le monde admire en oubliant l’apostolat de ceux qui les ont sauvés. De Ferrières à Lavardens, en passant à Bonaguil, Mauriac, Flamarens et aujourd’hui Bournazel, la liste de ceux dont les efforts mériteraient la reconnaissance des pouvoirs publics est aussi longue que le silence est pesant qui les entoure.

Le château fut sauvé grâce au rétablissement de la toiture puis ouvert au public de la meilleure des manières au travers d’expositions d’art dont le renom est encore associé à celui de ce site : Salvador Dali, Camille Claudel…

De là, l’idée qui prolongea naturellement la sauvegarde du château décidée par Hubert Mottes en la création d’un centre d’art que suscita l’imagination de Yves Martinez.

Le navire pouvait reprendre la mer.

À sa première escale, j’ai été appelé à monter à bord. Depuis, nous avons stabilisé ensemble la coque et les voilures. Ce fut notre première urgence. Aujourd’hui nous avons atteint une vitesse de croisière convenable permettant d’achever ces mesures conservatoires.

À tribord, de nouvelles campagnes de restauration sont engagées : réfection de la toiture, bientôt restauration du Pavillon sud et de la cour intérieure…

À bâbord, l’équipe de direction accompagnée par les personnes bénévoles sans lesquelles ce projet n’aurait pu se développer, se donne sans compter pour sa réussite. De même, les membres du bureau de l’association Cicac de Lavardens si fidèlement présents autour du président, certains que la collégialité est le maître-mot de la réussite d’un projet qui fait appel à tant de compétences diverses qu’il ne saurait dépendre d’une seule personne. Un climat au sein de l’équipage qui détermine la crédibilité d’un Centre d’Art original dans sa formule de gestion ne reposant que sur la cohésion de ses acteurs. L’appui que lui témoigne son principal mécène, le Crédit Agricole, en est la preuve manifeste.

Cependant, c’est lorsque la route maritime s’avère tranquille que diverses appréciations peuvent apparaître. Pas de mutineries, non. De simples divergences sur la conduite du navire ou la route à suivre.

Ainsi, pour le commandant d’un navire, chaque sortie en mer peut être la dernière surtout s’il préfère au cabotage l’appel du grand large. Tant il est vrai que l’utopie est à la racine des ambitions de ceux qui partagent la passion du voyage : voguer vers des horizons que l’on ne connaît pas, des développements possibles qui ne sont pas nécessairement des mirages. Ainsi se présenta dans son essence la projet du Cicac que je rencontrai.

Dans ses carnets de routes, l’exposition sur la laque inscrit un fabuleux voyage.

Le bois se fait or et velours, la lumière se substitue à la Nature grâce à l’Art des humains… sans compter l’honneur d’accueillir parmi les artistes présents M. Yashiaki Noguchi, venu spécialement du Japon, entouré de membres de sa famille.

La joie d’évoquer devant lui un voyage au long cours : l’extrême Orient où tout se confond ; le pays où les “Mille et une Nuits” s’achèvent…

Nous vous offrons, Monsieur, le soleil couchant de notre culture classique alors que vous nous apportez les effluves de l’empire du Soleil Levant !

Merci aux artistes qui nous font confiance, merci à vous tous, public fidèle du Centre d’Art de Lavardens. Plein succès à cette exposition.

Post scriptum : à sa demande, Olivier Cébe a quitté la présidence du Cicac-Lavardens le 30 juin 2018 et proposé pour lui succéder son ami Christophe Jankowiak, ce qu’accepta le Conseil d’Administration du Centre d’Art de Lavardens.

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