Sainte Marthe trône dans le chœur rénové de l’église de Cazères, ancien port fluvial sur la Garonne, en amont de Toulouse. Le choix des statues ornant ce sanctuaire apporte une contribution précieuse à la fresque historique de cette ville.
Pour notre propos du jour, tenons-nous en au face-à-face à la naissance de l’arc triomphal qui ouvre l’abside, de sainte Marthe en bois doré et sainte Catherine de même facture, si imposantes.
Si la petite statue de Vierge en majesté règne sur le maître-autel, les deux statues bien plus récentes ont gardé dans leurs postures l’idée qu’elles préparèrent le site pour la venue de la “reine des cieux”.
Voici donc qu’à sainte Catherine dont la mission est toute entière vouée à la préservation des bateliers (voir notre article : À Penne, le relief et la géographie s’imposent à la vie des hommes), sainte Marthe a prêté main forte pour débarrasser le cours du fleuve de l’obstacle meurtrier qui menaçait voyageurs et navigateurs. Gageons que Cazères doit à ces deux protectrices l’aménagement de ce qui deviendra l’un des ports importants sur la Garonne.
Si le côté pile de la médaille Cazères livre ainsi quelques unes de ses lectures, la face invisible (puisque “contre terre”…) éveille à son tour notre curiosité.
En effet, si l’on suit à nouveau les sermons du frère prêcheur Guillaume de Digulleville (voir notre article : L’eau vive, l’eau qui dort… L’eau douce…), ne faudrait-il pas ouvrir la réflexion au “rétablissement” à Cazères de la religion bien ordonnée ? La “canalisation” des idées de subversion et de l’erreur que le fleuve en furie charrie puisqu’il y noie les incrédules et infidèles servirait bien l’image d’une Eglise triomphante des hérésies. Au Ve siècle, en plein espace wisigoth, la religion arienne est malmenée par sainte Quitterie dont les reliques dans l ‘église de Cazères sont toujours exposées à la vénération des fidèles.
Car comme chacun le sait, un danger peut en cacher un autre… même sur un chemin d’eau.
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