Offerte en 807 à Charlemagne par le calife de Bagdad, l’histoire la retint comme symbole des échanges de savoirs entre deux civilisations. Si ce n’est que son fonctionnement dépend de son entretien !
Certes, la vitesse de l’écoulement de l’eau depuis le réservoir supérieur est réglable avec justesse pour que l’instrument remplisse sa fonction de mesure du temps écoulé. Un résultat facilement offert à la lecture de l’observateur par des marquages dans le réservoir inférieur qui précisent le volume d’eau récupéré.
Cependant, lorsque le réservoir supérieur est vide, il convient de réalimenter la clepsydre en eau de même que le sablier, son collègue, exige d’être retourné, une fois achevé le délai qui lui fut fixé pour son service.
Autant dire que la clepsydre ne mesure pas seulement le temps qui passe mais plutôt un laps de temps… Une particularité à rapprocher des communiqués de météorologie où l’indication de la vitesse du vent est exprimée aujourd’hui soit en “kilomètre-heure“ soit en “kilomètres par heure“ : ce dernier usage procurant la curieuse impression de “paquets de vent“ qui circuleraient au-dessus de nos têtes comme des paquets d’eau sont projetés par la tempête sur le pont d’un navire !
Ce bornage du temps imparti à la clepsydre la différencie de la stalactite dont l’existence semble dépasser le temps qui coule. Il n’empêche : telle personne réveillée dans une nuit de mauvais temps pluvieux par le goutte à goutte sur le plafond de sa chambre n’a de pensée que pour le supplice horrible auquel sont soumis certains détenus aux mains de geôliers dont la cruauté dépasse en imagination et savoir-faire bien de leurs compatriotes.
Car, entre la clepsydre et la stalactite une épée de Damoclès menace imperceptiblement les monuments anciens quelque soit le matériau dont ils sont faits : le travail de l’eau est un danger qui justifie pleinement que leur mise “hors d’eau“ soit effective, prioritairement à toute autre action de restauration.
Une manière de rappeler que les toits y font office de partie supérieure d’une clepsydre que la Nature se charge volontiers de maintenir en fonctionnement jusqu’à miner par le haut les structures du bâtiment.
La Clepsydre ? Une manière de logo à apposer sur les monuments en péril pour rappeler que le temps fait son œuvre et que, pour ce faire, il prend son temps.
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