Dans les premiers contreforts des Cévennes qui prolongent l’Albigeois, un riche humaniste établit au XVIe siècle une “maison aux champs“ derrière des fortifications d’ambiance toute médiévale. Ainsi, malgré son utilisation comme Prison d’État au XVIIIe siècle, le château de Ferrières renferme-t-il quelques témoins surprenants de la Renaissance française dans une authenticité rare qui participe à son charme.
Depuis si longtemps…
Le nom du lieu révèle l’origine du château : édifié sur un col entre deux vallées, il domine au nord le site d’anciennes mines de fer (peut-être exploitées dans l’Antiquité ancienne, certainement dès le haut Moyen Âge) ; au sud les “moulines ferrières“ destinées à extraire de la roche le minerai à l’aide de puissants marteaux. Une configuration caractéristique des exploitations minières médiévales sur lesquelles nombre de familles seigneuriales bâtirent leur puissance, manifestée fréquemment par une grosse tour de garde édifiée sur un rocher inexpugnable (telles les tours de Roquefort dans la Montagne Noire, La Roque sur le Dadou ou encore La Bastide-Vassals sur un affluent du Tarn).
À Ferrières, une tour identique de plan quadrangulaire fut progressivement enserrée dans des fortifications adaptées aux progrès de l’artillerie : au début du XVIe, deux tours rondes fermaient un corps de bâtiments oblong, percé de croisées de style gothique et flanqué d’une tour d’escalier.
Paradoxalement durant ce même siècle, l’effervescence politique et guerrière (Guerres d’Italie, conflit entre François 1er et Charles Quint, puis “Guerres de religion“ particulièrement atroces pendant plus de trente années) favorisa un foisonnement sans pareil d’initiatives en matière d’art et de littérature. À la suite des Grandes Découvertes, la Renaissance installe de nouvelles destinées aux pays du Vieux Continent grâce, notamment, au développement de l’imprimerie, aux échanges commerciaux en Europe et aux incursions dans d’autres contrées du Monde.
Ferrières surgit alors dans cette montagne pour le plaisir d’un homme d’art, fin diplomate : sa demeure se présente en plein cœur des guerres civiles comme l’aboutissement des connaissances de son époque en matière d’architecture et de décors sculptés et peints.
Protégé par des remparts et six tours massives, le château ménage une grande cour intérieure et des jardins en terrasse. Le charme de cette “maison aux champs” s’inspire du grand Serlio et sa décoration révèle la philosophie des humanistes soucieux de paix et de tolérance.
Toutefois, au XVIIe siècle, l’appétit des pouvoirs en eut raison. Après la Révocation de l’Edit de Nantes, Ferrières fut vendu aux États du Languedoc pour être transformé en caserne de dragons puis en Prison d’Etat : une succursale de la Bastille au redoutable inconfort, ce dont témoignent les graffitis des prisonniers et de leurs geôliers. Cependant, cette fonction permit aussi que l’édifice soit entretenu : le génie militaire (corps des “ingénieurs des fortifications“) veilla à la bonne conservation des bâtiments jusqu’à leur vente par lots après la Révolution.
Une continuité d’attentions plus ou moins efficace mais qui eut pour avantage de nous transmettre dans une rare authenticité un joyau de la Renaissance française.
Un tel constat ne pouvait qu’éveiller, au XXe siècle, le désir d’en restituer l’harmonie : par passion et depuis quatre générations, ses propriétaires se consacrent à la réhabilitation de ce patrimoine sis dans des montagnes chenues qui lui servent d’écrin. En y créant le Musée du protestantisme —installé depuis peu de distance—, ils affirmaient la vocation de cet édifice, notamment au travers de rencontres et de publications : un site où s’expriment l’histoire et l’âme des Pays d’Oc dans une Nature sauvage et luxuriante, à la limite de séparation des eaux entre Atlantique et Méditerranée.
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ACCUEIL, ANIMATION
À 45 km d’Albi et à 20 km de Castres, le château de Ferrières domine les gorges de l’Agoût, en bordure du massif granitique du Sidobre, site majeur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc.
La visite du château (sur demande durant la saison estivale / contact@chateaudeferrieres.eu), reste tributaire des phases successives du chantier de restauration.
La “lettre de Poliphile“ (abonnement gratuit sur : www.poliphile.fr) fournit périodiquement des informations sur l’actualité du lieu.
Pour rappel : les photographies sont interdites à l’intérieur de l’enceinte (cour, jardins, salles) afin de ménager la publication prochaine par nos soins d’une monographie du château.
Renseignements :
château de Ferrières (81260 – Fontrieu) / olivier.ferrieres@poliphile.fr
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