La poursuite du chantier ouvert à Ferrières dans le cadre des travaux de strict entretien décidés en accord avec les Monuments Historiques, m’a conduit à annuler cette année l’ouverture du château au public à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine.
Ces circonstances interviennent alors que que je m’étais posé la question de ma participation à cette 35e édition. En effet, la présentation qui fut faite du thème retenu —l’art du partage— dans les documents officiels m’était apparue partielle sinon fautive.
Le paragraphe suivant était censé donner une description sommaire du patrimoine laissé en héritage sur le Vieux Continent :
“La plupart des pays européens partagent le même découpage chronologique fondamental : la Préhistoire et ses grandes périodes, l’Antiquité, le Moyen Âge, les Temps modernes et la période contemporaine. Dans cette chronologie partagée, la circulation des idées, des artistes et des architectes a permis la création d’un cadre de vie présentant bien des similitudes sur tout le continent européen.
“Si l’existence des grottes ornées paléolithiques rassemble les Européens de l’Ouest, le mégalithisme s’inscrit dans une révolution néolithique, venue d’Orient, progressant à travers toute l’Europe ; l’émergence des villes celtes, grecques, romaines et byzantines, aux confluents des routes commerciales maritimes et terrestres puis de la ville médiévale, engendrent progressivement de grands courants artistiques et architecturaux communs à de nombreux pays européens.
“L’existence de ce patrimoine et de cette culture partagée, dont la langue latine a longtemps été l’un des ferments, de l’Antiquité au Moyen Âge et jusqu’aux humanistes, constitue un fondement de l’identité européenne, et donne aux citoyens européens le sentiment diffus d’appartenir à un même monde ; leur paysage quotidien se nourrit de repères patrimoniaux communs.”
Sans être étonné qu’un tel document ne fasse référence qu’à la langue latine sans citer la langue grecque si chère aux humanistes, j’y constate avec étonnement l’absence du patrimoine relevant des communautés issues de la Réforme. N’y est certes pas mentionné celui auquel nous sommes attachés par tradition familiale dans cette partie du sud de la France, mais aussi —et c’est plus surprenant— celui d’une grande partie de l’Europe du nord. Une lacune regrettable pour cette manifestation d’ampleur européenne.
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