“L’arrière-pays réceptacle des résistances à l’effacement…”
S’il est vrai que nous devons beaucoup à la terre qui nous vit naître, l’ordinaire du quotidien dévolu à ses habitants est si familier qu’il nous enveloppe et détermine une grande part de notre culture. Pour notre bonheur, par chance, les caractéristiques de leur géographie confèrent à ces montagnes du Haut-Languedoc d’être réceptacles de résistances. Cela vaut autant en ce qui concerne la Nature que pour certains anciens arts de vivre choisis par des populations et êtres humains qui y vinrent ménager leur refuge. Ainsi, l’accumulation de savoirs importés et leurs adaptations aux conditions locales ont-elles forgé un pays où la simplicité est restée de rigueur, la seule garantie d’y vivre en paix étant de respecter l’autre dans sa part d’anonymat. C’est le principe même de l’hospitalité, quelle soit imposée ou cultivée.
Il fallut attendre les XVIIe et XVIIIe siècles pour que s’y établisse un ordre émanant de pouvoirs extérieurs. Jusque-là, dans ces Cévennes occidentales, architectures, traitement des espaces cultivés, agglomérations et voies de circulation témoignaient d’une immuabilité évocatrice de leur ancienneté. Or, comme il faut environ dix générations pour que s’efface une tradition orale dans une population sédentaire peu encline aux bouleversements, nous avons eu la chance d’y “rencontrer” encore une mémoire fort ancienne. Nous en avons tiré aussi une profondeur de réflexion, bien des enseignements… et ce sourire qu’ils offrent à l’anthropologue sur les considérations de ses contemporains.
Ainsi, très tôt, avons-nous été appelé à récupérer dans ces montagnes “chenues” quantité de témoignages. La mise en œuvre du Parc —au travers de l’association de promotion qui en précéda la création— nous permit de prolonger et de développer ce travail de prospection et de récolement jusqu’à initier et parfaire le concept des Maisons de Parc. Nous avons alors bénéficié de l’appui et l’écoute des remarquables artisans et précurseurs de la protection de l’environnement que furent les premiers directeurs de Parcs. En particulier, Gilles Naudet qui sut avec intelligence et pugnacité placer le Parc du Haut-Languedoc sur des fonts baptismaux tiraillés pourtant entre les tenants d’opinions si diverses et opposées !
De là sont issus nos premiers pas sur la vieille voie jacquaire des Provençaux suivant les cours de la Mare, de la Vèbre puis de l’Agoût pour atteindre la Ville Rose. Voie antique s’il en est, à laquelle nous témoignons actuellement notre attachement chaque été depuis trois ans, invité par ceux qui en sont les gardiens. Notamment sur les bords du Laouzas, au Centre de recherches de Rieu Montagné créé par Robert Pistre, seul et si émérite conservatoire de cette mémoire commune.
O.C.
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