Monuments, sites, traditions, savoir-faire : la symbolique de notre quotidien


Sauver le patrimoine, c’est avant tout ramener à la réalité ce qui manifeste notre art de vivre

À travers quelques exemples de restaurations conduites dans le Tarn avec l’appui de la Fondation du Patrimoine, je voudrais souligner cette dimension essentielle —et, par évidence, structurelle— de la réhabilitation ou maintenance du patrimoine. Une perception trop discrètement perçue par ses acteurs et très souvent ignorée des visiteurs.

Le patrimoine en tant que tel n’a pas d’épaisseur sinon pour l’érudition… donc inconsistante. Ses racines émergent du tréfonds de notre culture, de l’héritage dans lequel nous puisons notre attitude et nos actes. (Assurer le devenir de l’héritage que nous avons reçu, une mission qui se partage parce qu’elle est exigeante.)

Les Pouvoirs Publics prêtent attention au patrimoine dans la mesure où il exprime ce qui est désigné comme une aspiration commune. Cependant, la notion de patrimoine ne saurait se restreindre à une expression immédiate de la ville ou du site figée dans le temps, au risque de confondre restauration et reconstitution et donc de nier la notion d’héritage : reçu et donc à transmettre.

C’est en s’attachant à la dimension symbolique que certains dossiers sont exemplaires

Certes, la restauration en cours du clocher de Saint-Amans-Soult détruit partiellement par la foudre (signal indissociable de l’image de la ville) ou celle du pont gothique de Brassac (unissant deux territoires de la Montagne du Haut-Languedoc) s’inscrivent tout naturellement dans cette perspective.

Il en est d’autres qui y concourent en rétablissant un “rôle actif“ des monuments au sein de leur environnement : des espaces où se manifeste la convivialité.

À Sénégats (commune de Saint-Pierre-de-Trivisy), la restauration du four banal a nécessité, en sa qualité de patus, l’accord écrit de tous les habitants du hameau pour restituer le petit édifice qui reprendra du service, gageons-le, pour la cuisson du pain et autres mets de ces familles.

À Murat-sur-Vèbre, les deux lavoirs du Causse et des Plots avaient perdu l’usage de l’eau ! Non seulement leur bâti vient d’être rétabli mais aussi, bien sûr, les canalisations tout en ménageant le fleurissement maintenu par les riverains. Ces derniers furent donc appelés à donner leur avis sur les travaux prévus, l’implantation des lavoirs au cœur de leurs habitations les qualifiant de lieux vivants animés au rythme d’une source, élément fédérateur, fragile et rare.

Jusqu’à cette remise symbolique d’un chèque au cœur de la fête d’Halloween, au milieu des masques et costumes et dans le brouhaha des musiques et cris des enfants… Une initiative si originale ! Due à la troupe de spectacles Atlantis, à Saint-Sulpice la Pointe, en faveur de la restauration de l’église voisine de Saint-Jean-de-Rives. Un acte qui aurait pu paraître saugrenu dans ce rassemblement festif et solidaire des habitants ? Plutôt un manifeste puissant de ce que patrimoine veut dire !

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